“L’Heure de la vie et du triomphe approche, mais c’est encore de nuit”
L’Édito de Mgr Guellec
L’agonie de Jésus est assurément la scène la plus émouvante et la plus surprenante de l’Evangile. Nous y voyons la solitude de Jésus. Et dans une scène de mort, sur fond de tableau plongé dans les ténèbres, nous entendons aussi ce cri primordial de la foi : “Vraiment, cet homme était Fils de Dieu“, déclare le centurion romain devant cet homme qui vient d’expirer après une longue et douloureuse agonie.
Pourtant, que pouvait-on voir ? Un homme, appelé Jésus de Nazareth, un prisonnier livré aux mains de la soldatesque ; un homme humilié par un pseudo-procès vite expédié ; un homme raillé par les foules qui cependant, peu de temps avant, l’acclamaient comme leur roi ; un homme renié par ses plus proches. Sur quel soutien humain pouvait-il compter pour affronter les heures terribles qui s’annonçaient ? Un fils qui crie vers son Dieu son père : “Pourquoi m’as-tu abandonné” ?
Seules restent quelques femmes qui observent de loin, car il leur est interdit d’approcher et les soldats ne les auraient certainement pas ménagées.
Demain, elles seront les témoins courageuses du matin de Pâques. Mais pour l’heure, c’est dans les larmes et le sang que se prépare l’événement qui viendra terrasser toutes les puissances de mort.
L’Heure de la vie et du triomphe approche, mais c’est encore de nuit. Il faudra passer par les ténèbres du vendredi et le silence du tombeau avant d’accueillir la lumière pascale et entendre la voix du Ressuscité : Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant.
Dans la déréliction, voici ce cri de foi d’un soldat. Nous ne savons pas quelle est sa croyance. A-t-il déjà entendu parler de ce condamné, connu pour ses paroles et ses miracles ?
Ce qui le pousse à faire cette profession de foi, c’est la manière dont il voit Jésus assumer ses heures mortelles. La manière dont la miséricorde émane de cet homme torturé.
Peut-être sait-il aussi que le psaume qui commence par la supplication de l’homme abandonné se termine par l’exultation : Tu m’as répondu et je proclame ton nom devant mes frères. Je te loue en pleine assemblée.
Dans toute la passion, on ne trouve en Jésus aucun mot de condamnation, aucun mouvement de recul. Cette attitude dit à quel point le pardon remplit son cœur.
Il s’agit bien ici d’une réalité surnaturelle que précisément seul le cœur peut percevoir. Cet étranger va devenir comme le porte-parole de la communauté croyante qui naîtra de la passion et de la croix. Il nous faut déchiffrer la gloire et la puissance divine sur le visage de cet homme Jésus pendu au bois du supplice. C’est bien cet acte de foi qui nous fait dire ou chanter : Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons, tu as racheté le monde par ta croix.
Cette exclamation de reconnaissance nous dit une chose essentielle qui nous fait aller bien au-delà des apparences : Dieu est présent au cœur de notre humanité blessée, souffrante et rejetée. La grandeur de la vie est dans la beauté de l’amour. En nous approchant de toute personne humiliée par la vie nous aimons Jésus. Personne, si profonde que soit sa misère, n’est plus seul désormais.
Sur la croix est dénoncée la cruauté injuste où peuvent conduire le fanatisme et l’esprit de domination. Il n’a pas gardé le rang qui l’égalait à Dieu, nous dit St Paul à propos de Jésus. Pour Dieu, les vraies valeurs ne sont donc pas les vanités et les fausses dignités dont on se drape et que la mort arrache.
+ Alain Guellec
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